Jeudi 4 novembre 2021, lors du Web Summit à Lisbonne, Jeff Maggioncalda, le CEO de Coursera, a animé une conférence sur le thème “Did Covid cause a global skills crisis ? ” La crise Covid 19 a bouleversé le monde du travail en accélérant une certaine crise de compétences déjà amorcée depuis longtemps tout en ouvrant de nouvelles perspectives. Les forces jumelles de l'apprentissage en ligne et du travail à distance ont en effet créé certaines promesses. Comment surfer sur ces opportunités et permettre à tous de développer les soft skills pertinentes à l’ère de l’Hybrid Work ?
La crise liée au COVID a aggravé certaines inégalités et a accentué la fracture numérique. Les entreprises qui avaient déjà amorcé le virage du numérique se sont mieux adaptées. Elles ont ajusté leur organisation interne en misant sur le déploiement des outils de travail à distance et les valeurs Future Of Work. Les entreprises commercialisant des solutions digitales ont clairement surfé sur la vague et enregistré une hausse de leur chiffres d’affaires. Quant aux carrières des salariés possédant de solides compétences numériques, elles ont été boostées.
La pandémie a obligé les entreprises à accélérer leur stratégie d'automatisation. La demande s’est alors portée sur un certain type d’emplois et la menace planant au-dessus des emplois moins qualifiés s’est intensifiée. Dans son rapport “Le marché du travail à l’épreuve de la crise sanitaire en 2020”, l’INSEE explique pourquoi l’emploi à durée limitée et le temps partiel ont reculé en 2020, tandis que la qualification des emplois a continué d’augmenter : “Cela traduit surtout le fait que les emplois les plus précaires et les moins qualifiés ont davantage pâti de la crise que les autres.”
Ces emplois moins qualifiés, moins rémunérés, ont souffert de la crise. Il s’agit en fait d’emplois dits “prévisibles” et “reproductibles”, c’est-à-dire d'emplois susceptibles d'être automatisés par l'apprentissage automatique, l'intelligence artificielle ou les robots.
Le numérique détruit et crée des emplois, mais surtout en transforme
Peut-on pour autant dire que l’automatisation, la robotisation, l’intelligence artificielle et les progrès du numérique annoncent une grande vague de chômage technologique ? Non. L’homme conserve un avantage comparatif sur la machine, de telle sorte que tous les emplois ne sont pas automatisables, loin de là. Ensuite et surtout, parce que le contenu des métiers évolue avec le numérique dans un sens qui les rend paradoxalement moins automatisables.
Quand on sait que le nombre d’emplois numériques passera de 40 millions en 2020 à plus de 140 millions au cours des cinq prochaines années, on comprend pourquoi l’enjeu est d’accompagner les personnes qui perdent leur emploi du fait des innovations technologiques vers l’acquisition de nouvelles compétences liées au numérique. La question de l’employabilité et de la formation à l'échelle mondiale des talents dont les entreprises auront besoin dans les années à venir est aujourd’hui centrale. Comment permettre à ces salariés d’intégrer de nouvelles connaissances leur garantissant un certain degré de qualification leur permettant de saisir les opportunités d'emploi créées grâce aux technologies ?
Trouver des éléments de réponse à cette question devient urgent. Selon un rapport McKinsey de juin 2020, l’automatisation et l’intelligence artificielle bouleverseront profondément la répartition des emplois et les besoins en compétences dans les dix prochaines années. Environ 22% des emplois en Europe (soit 53 millions) pourraient ainsi être automatisés d’ici 2030.
Les soft skills sont au cœur du monde du travail postpandémie
Certains y voient une tragédie, d’autres l'occasion de reconstruire un monde postpandémie plus égalitaire et durable. Un monde au sein duquel les soft skills seraient valorisées à leur juste valeur comme l’explique Christophe Roure, fondateur de la startup emage-me* :
“Selon le rapport du Forum Économique Mondial, 50% des employés auront besoin d'une requalification d'ici 2025, à mesure que l'adoption des technologies augmentera. Avec la pandémie, cette requalification est passée à moins d'un an. Quand vous savez, en plus, que la durée de vie moyenne des hard skills est de 12 à 18 mois, vous saisissez vite l’urgence d’introduire de nouvelles compétences à son CV.”
Pour Aurélien Guillon CEO de TeamBuilder** “la résilience du nouveau modèle opérationnel, basé sur l’Hybrid Work, est possible seulement et seulement si les entreprises adaptent leur façon d'identifier, de manager et de valoriser les talents. Les process de recrutement et de management sont condamnés à évoluer. Pour ce faire, les entreprises doivent s’outiller de nouveaux outils de Skills Profiling leur permettant d'identifier les personnalités, les habitudes de travail et l’adéquation avec les futurs collègues.”
Le rôle des institutions pour combler le déficit de compétences des talents
Mais pour permettre la création et surtout la pérennité de cette nouvelle organisation du monde du travail, les institutions ont un certain rôle à jouer ; comme le stipule Le Forum Économique Mondial : “Les cinq moteurs de la mobilité sociale sont la technologie, l'éducation, la santé, le travail et les institutions”. La question se pose en effet : que peuvent faire les principales parties prenantes - notamment les gouvernements, les entreprises et la société - pour accélérer la renaissance des compétences ?
Une chose est sûre : les institutions jouent un rôle central pour combler le déficit de compétences de la main-d'œuvre actuelle et des talents futurs. Les systèmes d'éducation ont besoin de soutien pour rattraper leur retard. Bref, nous avons un besoin urgent d'une renaissance des compétences.
L’apprentissage en ligne, clé de voûte de la renaissance des compétences
L’apprentissage en ligne est un fabuleux moyen d’y parvenir : il permet à quiconque, où qu'il se trouve, quel que soit son bagage scolaire et professionnel, d'acquérir de nouvelles compétences pour exercer un emploi auquel il n’était initialement pas formé. Les institutions doivent donc s'assurer que les solutions d'apprentissage en ligne soient mises à la disposition de personnes qui, sans elles, n'auraient pas accès à ces opportunités d'apprentissage ou d'emploi. Lutter contre la fracture numérique, accentuée par la crise du Covid 19, prend ici tout son sens.
Pour conclure, la crise de la Covid-19 a eu un lourd impact sur le marché du travail et s’est aussi traduite par une montée en puissance des nouvelles technologies et l’accélération de la mutation des modes de travail. Le COVID-19 a aggravé davantage encore les inégalités sociales et creusé les écarts de compétences. Les engagements des institutions et l'agilité de l'apprentissage peuvent contribuer à combler ce fossé.
*Emage-me propose une solution qui révèle et développe les soft skills, par l’échange de feedbacks personnels et constructifs. Les entreprises et écoles supérieures utilisent emageme pour que leurs employés et étudiants atteignent leur plein potentiel, lors du recrutement, de l’onboarding et des entretiens de progression.
** TeamBuildr propose un test ludique et rapide pour identifier et engager rapidement les talents. Le test trimoji évalue la personnalité, les savoir-être, les habitudes de travail, l'adéquation avec l'équipe et les conflits potentiels entre collègues en moins de 3 minutes. Le but est de minimiser les risques de recrutement et de bénéficier des clefs pour adapter son style de management aux différents profils.