Dans un contexte de pénurie des compétences, l'avenir des RH est centré sur les talents
Par Thibaut de Lamarzelle, Directeur commercial pour la France chez Saba
La transformation digitale s'est accompagnée d'une redéfinition de la notion de travail dans toutes les régions, industries et fonctions, quelle que soit la taille de l'entreprise. En conséquence, l'acquisition, la rétention et le développement des talents ont pris une place primordiale dans la stratégie des entreprises. Cela amène à une nouvelle question : pourquoi est-il difficile de créer une expérience de travail qui ait du sens pour ces talents ?
Les managers doivent faire face à une transformation rapide, soutenue par trois grandes forces : l'essor du travail collaboratif, alors que les entreprises passent de hiérarchies verticales et d'organisations en silos à des équipes organisées en mode projet ; une nouvelle approche du management, adaptée aux valeurs des nouvelles générations et enrichie de l'évolution de la science du management ; enfin l'émergence de technologies intuitives, que l'on utilise aussi facilement que notre smartphone.
Ainsi, les responsables des talents travaillent en mouvance constante, d'un outil SIRH à un autre, avec des objectifs corporates qui évoluent, des talents dont les attentes et capacités ne sont pas les mêmes... c'est un vrai travail d'équilibriste, qui pour être mené à bien doit reposer sur trois grands aspects.
Les trois piliers de la gestion des talents
Premièrement, l'entreprise doit être centrée sur les employés. Si les processus d'entreprise ne permettent pas une telle approche, ces processus doivent être revus, car ils deviennent des obstacles à la réalisation du potentiel des collaborateurs. L'un de ces process les plus répandu qui doit être revu est l'entretien annuel. A la place, le développement professionnel doit reposer sur la confiance dans les managers à dire ce qu'ils pensent du travail effectué avec bienveillance et soutenir les collaborateurs en cas de besoin ; la croyance que les managers ont vu quelque chose en eux qu'ils n'ont pas vu eux-mêmes ; et la possibilité de voir, parler et être entendu par les managers.
Cela nous amène au second pilier, qui est la priorisation d'une culture de l'apprentissage sous toutes ses formes. Les organisations ont besoin de collaborateurs flexibles et agiles, et cela passe par une possibilité de développement tant personnel que professionnel. Pour cela, rien ne vaut un travail dont on voit l'objectif, un manager attentif et des systèmes de récompenses financières et extra-financières pour motiver les équipes. La stratégie de développement des talents doit inclure les intérêts de chaque individu et s'appuyer dessus. Pour cela, l'entreprise doit clairement dire quelles compétences sont requises, et les employés qui veulent les développer s'y mettront avec plaisir. Mais encore faut-il que les technologies le permettent.
Le troisième et dernier pilier est donc l'adoption et l'utilisation des technologies digitales. Lorsqu'un individu s'est habitué à des systèmes intuitifs comme Android ou iOS, ils deviennent réticents à utiliser des technologies moins intuitives. C'est ce que Brian Solis appelle le darwinisme digital, et les entreprises doivent le prendre en compte : pour que leurs outils - d'apprentissage en ligne, de travail collaboratif, etc - soient utilisés, ils doivent respecter les standards établis de fait par Android, iOS et leurs équivalents.
Ainsi, chaque aspect de l'emploi, de l'onboarding à la fin du contrat, doit être vécu positivement. Dans les secteurs où les talents sont rares et la demande élevée, les entreprises reconnaissent la nécessité de prendre soin de leurs employés. Cela passe par des processus adaptés, mais surtout par la façon dont les équipes, à commencer par les managers, se comportent.
Les talents sont de plus en plus courtisés, mais l'effort ne doit pas s'arrêter une fois qu'ils ont accepté une offre d'embauche. Il est nécessaire de leur offrir une expérience positive, qui ait du sens et avec des perspectives de développement pour qu'ils y restent et y donnent le meilleur d'eux-mêmes. Pour cela, l'entreprise doit souvent se réorganise afin que son fonctionnement et ses processus soient centrés sur les talents. Il est très important pour eux de pouvoir se développer, professionnellement comme personnellement, et l'entreprise doit encourager ce processus. Cela passe notamment par la mise à disposition de technologies intuitives, pour la formation et en dehors. Ce nouveau modèle d'entreprise est à même de favoriser la créativité et la productivité des équipes.