La multiplication de filières de sous-traitants réunis autour d'un donneur d'ordres a amplifié les sous-traitances en cascade. Le sous-traitant de premier rang reporte alors une partie des risques liés à l'activité économique sur le suivant, à l'égard duquel il est donneur d'ordres et ainsi de suite.
Si des études avaient déjà souligné les moins bonnes conditions d'emploi des salariés de sous-traitants en bout de chaîne, l'effet sur la formation continue était jusque-là resté dans l'ombre. Grâce à l'enquête Defis du Céreq, Jean-Claude Sigot et Josiane Véro lèvent le voile sur leurs pratiques de formation. Les deux auteur.e.s démontrent qu'en termes d'opportunités, de processus d'accès et de nature de formations réalisées, les salariés des sous-traitants de dernier rang sont également moins bien lotis.
Les sous-traitants de dernier rang offrent des opportunités de formations plus limitées
La nécessité d'être mieux positionnés en termes de coûts et de délais limite leur capacité d'investissement dans la formation professionnelle continue :
- Ils préparent moins souvent un plan de formation.
- Ils dépensent moins pour la formation de leurs salariés.
- Ils sont plus nombreux à se limiter aux formations hygiène et sécurité.
Plus on s'éloigne des donneurs d'ordres, plus les processus d'accès à la formation sont altérés
Sous-traitants intermédiaires et de dernier rang sont presque deux fois plus nombreux que les donneurs d'ordres de premier rang à déclarer ne diffuser aucune information :
- Des salariés le plus souvent livrés à eux-mêmes pour s'informer des possibilités de formation chez les sous-traitants de dernier rang.
- Des entretiens professionnels plus rares chez les sous-traitants de dernier rang et plus souvent réservés aux cadres chez les sous-traitants intermédiaires.
Les salariés des sous-traitants de dernier rang sont moins bien formés malgré de fortes attentes
Par rapport aux autres salariés, ils sont 25 % plus nombreux à souhaiter faire évoluer le contenu de leur activité. Et pourtant :
- Ils sont 25 % moins nombreux que les autres à avoir réalisé une formation l'année précédant l'enquête.
- Et pour ceux qui se forment, ils sont aussi 25 % moins nombreux à le faire pour prendre plus de responsabilités.
Si la position de l'employeur dans la chaîne de production influence fortement sa politique de formation, les auteur.e.s questionnent la responsabilité des donneurs d'ordres vis-à-vis des salariés des sous-traitants placés dans leur dépendance économique. Pour conforter ces résultats inédits, les auteur.e.s appellent à des recherches complémentaires nécessitant statistiques plus fines et investigations plus qualitatives.
Sous-traitance en chaîne : le maillon faible de la formation en entreprise
Jean-Claude Sigot, Josiane Véro
Céreq Bref n°387, 2020, 4p.