L’enquête publiée par France travail prévoit moins d’embauches pour 2024 et en parallèle, l’Enquête candidats Robert Half révèle moins d’envies de changement de la part des salariés. Le marché de l’emploi se stabilise et tend donc vers un net ralentissement du dynamisme observé ces dernières années.
Est-ce la fin de l’euphorie pour les candidats sur le marché du recrutement ? Alors que la pandémie avait marqué l'ouverture d’une période très favorable aux salariés, portée par un fort dynamisme de l’emploi, l’enquête « Ce que veulent les candidats » 2024 de Robert Half témoigne d’un rééquilibrage du rapport de force entre employeurs et salariés. Ces derniers se disent moins sollicités par les recruteurs mais aussi moins enclins à changer d’emploi, alors même qu’ils affichent des niveaux de satisfaction en recul.
« Ces trois dernières années ont constitué pour les candidats une spectaculaire ouverture du champ des possibles. La période post-pandémique a très fortement stimulé les aspirations au changement et offert une flexibilité qui jusque-là n’existait pas. Cette page semble aujourd’hui se tourner avec un recul sensible des attentes exprimées sur des marqueurs emblématiques tels que l’équilibre vie pro/perso ou les désirs de reconversion et une plus grande frilosité des salariés à quitter leur entreprise. Ces attentes n'ont pas disparu, mais composent désormais avec d’autres critères liés au contexte actuel, comme une demande de sécurité financière et de transparence accrue, ainsi que des attentes fortes sur la formation et leur employabilité future. », commente Matthieu Imbert-Bouchard, Directeur général de Robert Half Int. France.
La fin de la « grande rotation » ?
Alors que l’enquête de 2023 avait révélé une sollicitation particulièrement importante des salariés par les recruteurs (40% des salariés disaient être sollicités régulièrement), cette nouvelle édition montre un net ralentissement du marché du recrutement : (33% en 2024 soit -7 points). 45 % des salariés affirment n’être « pas du tout sollicités », contre 37 % l’an passé (+ 8 points).
Les salariés eux-mêmes expriment des désirs de mobilité beaucoup moins marqués : 43% se disent en recherche active ou à l’écoute d’opportunités, en recul de 10 points par rapport à 2023. Près d’un sur deux (49 %) affirme ne pas être à la recherche d’un nouvel emploi, contre 39 % l’année dernière.
La baisse notable des aspirations au changement, si emblématiques de l’après-Covid, est un signe supplémentaire de cette nouvelle donne : 20 % seulement des salariés qui prévoient de changer d’emploi dans les 6 prochains mois souhaiteraient changer de secteur d’activité contre 32 % en 2023, 21% aimeraient changer de cap, faire une reconversion professionnelle, contre 27 % précédemment.
Des salariés moins mobiles mais pas plus satisfaits
Après une baisse marquée entre novembre 2022 et avril 2023 (-8 points), le niveau de satisfaction exprimé par les salariés au sujet de leur emploi actuel n’est pas reparti à la hausse en 2024 : 69% se disent toujours satisfaits (même chiffre qu’en 2023). Le nombre de salariés se disant « très satisfaits » est en léger recul, à 19 % contre 22 % l’an dernier.
La satisfaction par rapport au salaire est, quant à elle, en recul de 6 points par rapport à 2023 avec 45 % des salariés français qui se déclarent satisfaits (10 % très satisfaits).
Des attentes moins tranchées, mais toujours présentes
Alors que les salariés avaient exprimé de nouvelles revendications ces dernières années, notamment en termes d’équilibre de vie et de flexibilité, leurs priorités ne s’affirment plus aussi clairement en 2024.
L’équilibre de vie pro / vie perso, l’ambiance de travail bienveillante et la flexibilité reste des facteurs de stabilité important au sein des entreprises, mais 32 % des salariés mentionnent aussi la solidité financière de l’entreprise parmi les raisons qui les poussent à rester. Ce critère arrive en 3e position, devant la flexibilité et montre une demande de sécurité croissante chez les salariés.
Parmi les « raisons de changer d’entreprise », le salaire, au cœur des préoccupations lors de la crise inflationniste de 2023, demeure de loin le critère n°1 (mentionné par 51 % des sondés, -4 pts), mais il est désormais suivi par le sentiment d’ennui dans sa fonction (28 %), cinquième critère l’an dernier, et la volonté de faire évoluer sa carrière et d’avoir davantage de responsabilités (27 %). La recherche d’un meilleur équilibre vie pro/vie perso passe à l’inverse de la deuxième à la quatrième position.
« Les attentes des salariés ressortent moins clairement qu’au cours des précédentes années, mais ce serait certainement une erreur pour les employeurs d’y voir un « retour à la normale », à l’avant-Covid. Le marché du travail a connu des bouleversements très forts qui ont exacerbé certaines exigences. Il est logique qu’avec le recul elles s’expriment aujourd’hui de manière plus pondérée. Pour autant, tous ces paramètres et la question « travail » restent au cœur des préoccupations des Français », analyse Matthieu Imbert-Bouchard.
Il ajoute :
« Pour attirer les candidats dans cette nouvelle conjoncture, les recruteurs auront tout intérêt à donner du sens aux expériences professionnelles qu’ils proposent. Parmi les critères sur lesquels les salariés sondés par Robert Half se disent plus exigeants par rapport à l’année passée, le « sens du travail » est celui qui progresse le plus, cité par 44 % des répondants (+7 pts ».
Télétravail : les attentes restent élevées
L'Association pour l'emploi des cadres (Apec) a indiqué en mars dernier que près d’un cadre sur deux démissionnerait si le télétravail était supprimé au sein de leur entreprise. L’enquête Robert Half révèle des chiffres plus mitigés côté salariés puisque seuls 28 % (mais 38 % des 18-34 ans) affirment qu’ils quitteraient leur entreprise si la politique de télétravail était supprimée ou modifiée. Pour autant, 26% des sondés sont indécis sur la question, signe que l’attachement à cette pratique demeure très partagé.
Méthodologie
L’enquête Robert Half « Ce que veulent les candidats » a été réalisée le 3 avril 2024 auprès d’un panel représentatif de 1000 salariés français, hommes et femmes, âgés de 18 à 65 ans.