L’OICN publie sa deuxième étude sur la pénibilité numérique et alerte sur l’état de la collaboration dans les organisations
Le volume de mails à traiter par collaborateur continue de croître de façon alarmante et d’empiéter sur la sphère personnelle.
C’est le principal enseignement des résultats issus du nouveau référentiel de l’Observatoire de l’Infobésité et de la Collaboration Numérique (OICN), qui offre un panorama de l'impact des usages numériques sur le travail et de l’état de la collaboration dans les organisations, publiques comme privées.
Un an après le lancement de l’OICN, cette seconde étude qui s’appuie sur l’analyse de 106 millions de métadonnées d’emails et 3 millions de métadonnées de réunions, met en lumière les enjeux clés de la collaboration numérique et de l’infobésité en France. Les résultats de ce nouveau référentiel offrent une lecture de la vie professionnelle de 10 000 collaborateurs, managers et dirigeants à travers leurs usages numériques.
Les enseignements à retenir du référentiel 2024 :
Le volumes de mails à traiter ne cesse d’augmenter en 2023, avec 205 mails reçus par semaine pour les managers (+6% par rapport à 2022). On compte 104 mails pour les collaborateurs (+4%) et 342 mails pour les dirigeants (+3%). L’hyperconnexion en dehors des horaires de bureau progresse elle aussi : 20% des mails sont envoyés avant 9h ou après 18h. Les dirigeants se reconnectent pour 52% de leurs week-ends.
Le phénomène de réunionite s’amplifie : chaque semaine, un collaborateur est invité à 6h30 de réunion, un manager à 14h05, et un dirigeant à 23h56. Au total, un dirigeant passe 32 jours par an dans un “tunnel de réunion” (plus de 6h de réunion dans une journée). Résultat : on observe une explosion du multitâche, avec 22% des mails des dirigeants envoyés en réunion.
Contrairement aux idées reçues, le peine à décoller et dessine une fracture numérique préoccupante. Près de ⅔ des salariés ne se saisissent pas des outils collaboratifs, qui peuvent pourtant être vecteur d’efficacité s’ils sont bien utilisés. Plus inquiétant encore en matière d’inégalités, 10% des usagers les plus actifs génèrent à eux seuls 94% du volume sur les messageries d’équipe collaborative.
Le volume d’informations stockées augmente… ainsi que son impact environnemental !
10 550 mails sont conservés et stockés par collaborateur, soit une augmentation de 29% par rapport à 2022. Pour autant, 60% des fichiers stockés ne sont pas ouverts au cours des 6 derniers mois.
Cette montée en puissance progressive représente diverses menaces, à la fois sur la charge de travail, les risques psycho-sociaux encourus, mais aussi sur la qualité relationnelle et sur l’efficacité de la collaboration. Elle appelle à redéfinir collectivement les contours d’un travail plus désirable, en exploitant les possibilités nouvelles offertes par les outils collaboratifs et le respect d’un cadre préservant la santé mentale des salariés