Clémentine, cabinet de recrutement spécialisé dans la recherche et l'évaluation des profils et candidats digitaux, et de l'IT, a envoyé un questionnaire estival à une sélection représentative de ses candidats[1] ; l'objectif du cabinet, qui accompagne depuis vingt ans les professionnels du digital étant d'estimer dans quelle mesure l'épisode de pandémie a eu un impact sur leurs attentes vis à vis des employeurs.
Pour Emmanuel Stanislas, fondateur de Clémentine :
« Pendant et après le confinement, nos conversations avec nos clients et nos candidats ont gagné en intensité ; elles nous ont fait prendre conscience que des choses avaient changé, notamment dans l'attitude des profils les plus convoités, auparavant difficiles à atteindre. Prendre le pouls de nos candidats nous est alors apparu indispensable.»
Un désir de changement qui émerge fortement pour les candidats digitaux
De fait, 55% des répondants déclarent être aujourd'hui plus désireux de changer de poste qu’avant l'épisode Covid et plus de 65% souhaitent être formés sur des compétences nouvelles (pas nécessairement connexes à leur poste/métier).
Cécile Eymard, consultante senior chez Clémentine l'interprète ainsi :
« La crise vécue a sensibilisé beaucoup de professionnels à la façon dont l'entreprise s'est positionnée et comportée pendant la pandémie. De nouveaux motifs pour quitter son job ou en changer sont apparus : des crispations légitimes concernant le chômage partiel non respecté par l'employeur, ou bien l'attention insuffisante portée à la sécurité des personnes, ou encore le retour au présentiel imposé sans réelle nécessité, etc. Nous avons entendu beaucoup de propos comme « la prochaine fois je serai attentif dans mes choix aux valeurs portées par l'entreprise ».
Par ailleurs, les réponses obtenues montrent que 72% des candidats ayant répondu souhaitent désormais travailler partiellement ou totalement à distance (tout en étant près de 70% à souhaiter que des accords à ce sujet soient négociés collectivement et non individuellement). Plus de 45% des répondants se déclarent aussi plus ouverts à la relocalisation qu'auparavant. Si la flexibilité du rythme (pour 17% des répondants) passe avant la sécurité de l’emploi (13%), les candidats restent toutefois très sensibles à cette dernière.
Un besoin de réassurance plus grand pour les candidats digitaux
En effet, 81% des répondants déclarent rechercher aujourd'hui un CDI. Cécile Eymard attire l'attention sur ce point : « Cela porte un coup d'arrêt fort à une tendance de fond qui existe depuis plusieurs années sur le marché des candidats digitaux et qui est de se diriger progressivement vers des contrats de type freelances / indépendants ».
Plus de 70% des répondants signalent également porter une attention accrue à la pérennité financière de l'entreprise qui leur ferait une offre. « Faire une offre avec un projet passionnant et une rémunération attractive ne suffit plus pour qu'un candidat prenne le risque de quitter son poste. L'offre, quand elle part, doit être assortie d'un discours de réassurance plus fort. Il y aura en ce domaine un avant et un après Covid » ajoute Cécile Eymard.
Candidats digitaux & Cabinets de Chasse, ce qui ne change pas :
Dans ce nouveau contexte, trois facteurs demeurent essentiels aux yeux des candidats :
- l'intérêt du projet proposé (95% des répondants) ;
- la rémunération (82%)
- la localisation (80%) ;
Tous trois sont déterminants lors de l’étude d’une fiche de poste, sachant que le point de la rémunération reste décisif pour plus d’un quart des répondants.
Enfin, si pour deux tiers des candidats sondés, être approchés par un chasseur ou un client final leur est indifférent, 62% considèrent qu’il y a une réelle valeur ajoutée à passer par l'intermédiaire d'un chasseur. Cette valeur ajoutée réside dans la qualité des informations transmises sur le poste et l’entreprise (90% des répondants), dans les conseils apportés par le chasseur au fil du cycle de rencontres (78%) et dans l’aide à la négociation (75%).
« C'est au moment de la négociation que les candidats réalisent ce qu'ils vont perdre en quittant leur précédent poste ; ils attendent du chasseur qu'il les accompagne en les rassurant dans leur prise de risque mais aussi sur la santé financière et la réputation RH de l'entreprise qu'ils rejoignent. Ce besoin de réassurance sur un marché volatil et parfois opportuniste est ce qui est véritablement nouveau. Le fait de recruter était jusqu'à présent synonyme de croissance économique, et le signe que « tout va bien ».
Suite à l'épisode Covid, les candidats ont pris conscience que les choses pouvaient évoluer et être remises en question très rapidement » souligne Cécile Eymard.
Pour Emmanuel Stanislas
« On assiste à un renversement partiel de la tendance du marché des talents : des candidats sont aujourd'hui sur le marché ou bien dans une entreprise qu'ils souhaitent quitter ; de nombreux recrutements sont à nouveau possibles ; or trop d'entreprises pensent aujourd'hui que leur marque employeur est un argument suffisant pour convaincre. Ce n'est plus le cas, même pour celles qui sont leaders dans leur domaine. Il y a, de la part des candidats, une défiance plus marquée envers les organisations, leur attitude et leur réputation RH qu'il faudra prendre en compte si l'on ne souhaite pas la voir s'installer durablement ».