Réalisé début février 2024 auprès de plus de 1618 actifs français (âgés de 18 ans et plus), en partenariat avec l’institut d’études CSA, le 5ème baromètre de la formation et de l’emploi de Centre Inffo a pour objectif de connaître leur opinion à l’égard de l’orientation et de la formation professionnelle en France, mais aussi leur perception relative à l’accompagnement, au CPF et aux perspectives de reconversion professionnelle.
“ Nous sommes confrontés à un monde du travail en perpétuelle évolution, qui oblige à l’adaptation de toutes les parties prenantes : les dirigeants, les employés, les indépendants, les organismes de formation, et même les services publics. Dans ce climat, les Français se sentent globalement maîtres de leur formation professionnelle, comme le démontrent les résultats de ce 5e Baromètre de la formation et de l’emploi. ” souligne Pascale Romenteau, Directrice Générale de Centre Inffo. Vous en trouverez les principaux enseignements ci-dessous.
Un fort sentiment de mutations du monde du travail
Pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, le niveau de confiance en son avenir professionnel est majoritaire et stable, avec 67% des actifs interrogés qui se disent « confiants ». Un tiers des actifs se déclarent « assez peu confiants » (33%, iso par rapport à 2023) pour leur avenir professionnel, dont 11% (+1pt) se déclarent même « pas du tout confiants ». A titre de comparaison, ils étaient 25% à se déclarer « pas confiants » en février 2020, avant le début de la crise sanitaire.
Près d’un actif sur deux constate une transformation rapide de son métier. Pour autant, une majorité (69%, -1pt) estime qu’il fera le même métier dans 5 ans (à l’identique ou de manière différente). Seul un actif sur cinq (19%, iso) estime qu’il fera un autre métier à cet horizon.
Au total, plus de la moitié des actifs interrogés (53%, +3pts) pensent à changer d’emploi et, parmi eux, un tiers (37%, +2pts) envisagent même de le faire d’ici à deux ans. A noter que ce chiffre s’élève à 72% chez les jeunes de 18-24 ans, à horizon de 5 ans, à 67% chez les 25-34 ans, et tout particulièrement dans les secteurs du BTP/Construction (64%).
La formation professionnelle, une manière efficace de répondre aux défis du monde du travail selon les actifs
Si la formation professionnelle présente de nombreux bénéfices, elle constitue avant tout une nécessité pour répondre aux mutations du monde du travail selon 90% des répondants (+4pts). La formation professionnelle conserve une image positive (une nécessité, une opportunité, une chance, une manière de prendre du recul, ...), avec des scores d’approbation importants allant de 90% à 83%. Seul un tiers des actifs considèrent que la formation professionnelle est inutile ou une perte de temps. Dans le détail, on remarque aussi que la perception d’une nécessité se renforce avec l’âge et que les bénéfices des formations professionnelles sont toujours davantage perçus par les plus diplômés.
A noter tout de même que 63% des actifs (70% chez les 25-34 ans) ont le sentiment que la formation professionnelle a un caractère contraignant, car elle est souvent difficile « à caser » dans un emploi du temps déjà très chargé.
Pourtant, la moitié des actifs souhaite suivre une formation au cours de l’année. Ceux qui ne pensent pas faire de formation le justifient par 3 manques : l’envie (27%, +24pts), le temps (24%, -13pts) et le budget (22%, +2pts). Alors que la grande majorité de ceux qui souhaitent suivre une formation dans l’année ont déjà une idée précise de ce qu’ils veulent faire, surtout les 25-34 ans.
Cette année, les formations les plus souhaitées par les actifs sont l’informatique, l’anglais, la comptabilité, la gestion et le management. L’intelligence artificielle émerge fortement également.
Quid de la reconversion professionnelle ?
Un actif sur cinq est en train de préparer une reconversion professionnelle (résultat stable depuis 2021) : les plus jeunes et les personnes sans emploi restent les profils les plus attirés par la reconversion.
Parmi les 79% qui ne sont pas actuellement en train de préparer une reconversion, 36% (+2pts) envisagent de le faire d’ici 2 à 5 ans.
Au final, c’est près d’un actif sur deux (49%, +1pt) qui prépare ou envisage une reconversion professionnelle.
Dans le cadre de cette reconversion, 60% (+2pts) des personnes concernées sont accompagnées et 60% (+1pt) ont suivi ou suivent une formation spécifique.
La formation professionnelle : une démarche avant tout personnelle mais qui nécessite un accompagnement
77% des actifs pensent que c’est à chacun d’être responsable de son parcours de formation professionnelle continue, ce chiffre s’élevant à 81% pour les csp+, à 86% pour les cadres, et à 82 % pour les personnes qui préparent une reconversion professionnelle. D’ailleurs, plus des 2/3 des actifs se sentent suffisamment acteurs de leur formation continue.
Si les actifs se considèrent eux-mêmes et de loin (86%) comme les premiers acteurs de leur parcours de formation, de nombreux intervenants sont jugés légitimes pour les accompagner, soit dans l’ordre : l’employeur et les RH (74%), les organismes de formation (72%), sa branche professionnelle (66%), son manager (64%), etc.
A noter que, alors que la plupart des indicateurs sont stables dans le temps, l’OPCO et les structures d’orientation sont davantage attendus cette année (respectivement 53% et 59%, +4pts chacun). Nous remarquons aussi une attente d’accompagnement plus forte de la part des moins de 35 ans, alors que les plus diplômés vont davantage s’en remettre à eux-mêmes.
Le sentiment d’information sur la formation professionnelle progresse, mais de nombreux sujets restent lacunaires
Plus de la moitié des actifs se sentent bien informés (52%, +1pt). Par contre, il ressort un sentiment de manque d’information majoritairement ressenti par les plus de 35 ans et les chômeurs.
Dans le détail, les thématiques où les actifs se sentent le mieux informés sont d’abord le CPF et ses modalités d’utilisation (51%, -2), et leurs droits en matière de formation ( 51%, -1). Ce sont les deux seules modalités qui obtiennent un score supérieur à la moyenne. Malgré des scores en légère progression, le manque d’information se fait ressentir sur de nombreux sujets. Seuls le CPF et les droits en matière de formation se détachent positivement.
La notoriété des dispositifs de formation a un niveau assez stable et conserve la même hiérarchie : l’apprentissage et le bilan de compétences en tête alors que Pro-A et Cléa sont les moins connus. Seul le CEP a progressé de 7 points en 3 ans.
Les moins diplômés sont plus familiers des dispositifs récents (Cléa, Pro-A) alors que les plus diplômés connaissent davantage la VAE. A noter cette année, un intérêt grandissant pour la VAE avec plus de trois actifs sur cinq qui souhaiteraient en bénéficier, notamment les plus jeunes et les employés.
Focus : Compte Personnel de Formation (CPF)
La notoriété du CPF se maintient à un très haut niveau (93%), une notoriété portée notamment par les actifs en reconversion, les indépendants, et les cadres. Pour autant, seuls 45% des actifs connaissent le montant de leurs droits de formation.