- Le fait religieux se banalise : 2/3 des employés l’observent dans l’entreprise
- Dans plus de 90% des cas, la religion ne gêne pas la réalisation du travail
- La religion est moins conflictuelle que les conditions de travail ou la politique
La sixième édition de l’étude sur le fait religieux en entreprise, menée par l’Observatoire du Fait Religieux en Entreprise[1] (OFRE) et l’Institut Randstad, confirme la tendance initiée en 2016 : l’expression de l’appartenance religieuse se banalise sur le lieu de travail. Ainsi, 2 employés sur 3 (65%) déclarent observer des faits religieux dans leur contexte professionnel. Cette proportion reste inchangée pour la troisième année consécutive. Le fait religieux est arrivé à maturité et s’affirme comme une réalité de l’entreprise. Si le sujet n’est pas neutre, l’expression de l’appartenance confessionnelle ne gêne pas le bon fonctionnement de l’entreprise dans plus de 9 cas sur 10. Mieux, la religion est un sujet beaucoup moins conflictuel que… le travail lui-même ou que l’expression d’opinions politiques ou philosophiques. En revanche, plus d’1 manager sur 4 (29%) considère que le fait religieux rend son rôle plus délicat. Et ce alors même qu’ils connaissent désormais mieux, les règles applicables au sein de l’entreprise pour encadrer son expression. Pour sa prochaine édition, en 2019, l’étude sur le fait religieux en entreprise sera menée conjointement par l’OFRE et l’Institut Montaigne, plateforme de réflexion, de propositions et d’expérimentations consacrée aux politiques publiques, avec le soutien du groupe Randstad France.
[1] L’Observatoire du Fait Religieux en Entreprise est un programme de recherche développé au sein du laboratoire GDI « Gouvernance et Développement insulaire » de l’Université de la Polynésie Française (UPF).
Retrouvez l’intégralité de l’édition 2018 de l’étude sur le fait religieux en entreprise
« La religion est une conviction personnelle qui relève de l’intime. C’est cette réalité qui en fait un sujet moins neutre que d’autres au sein de l’entreprise. Ainsi, l’expression de l’appartenance religieuse y dessine deux réalités bien différentes. Dans une très nette majorité de cas, le fait religieux en entreprise est parfaitement accepté et s’exprime de manière pacifiée. En revanche, une minorité de situations, liées à des demandes et des comportements inappropriés, conduit à des crispations parfois difficiles à gérer. Depuis 2016, la loi définit les règles d’expression du fait religieux sur le lieu de travail, mais certains sont encore mal à l’aise pour les faire respecter. Ainsi, un manager sur deux n’intervient pas de la même manière si un comportement inapproprié présente une dimension religieuse. Mais au final, chacun, employé comme encadrant, comprend et accepte que les règles collectives de l’entreprise doivent être respectées par tous.« , déclare Laurent Morestain, secrétaire général du groupe Randstad France et président de l’Institut Randstad pour le retour durable à l’emploi.
« La dimension spirituelle du travail est de plus en plus reconnue et est même souvent présentée comme un outil de gestion. Des pratiques comme la méditation de pleine conscience sont mobilisées par un nombre croissant d’entreprises. Pourtant, lorsqu’elle emprunte les voies de la religion, l’expression de la spiritualité des personnes au travail continue à poser question. Nos résultats laissent apparaitre deux réalités du fait religieux au travail. Dans la grande majorité des cas il est peu perturbateur et les interactions entre collègues et avec le management qu’il suscite sont apaisées. Dans une minorité d’entreprises il reste problématique et confronte tant les managers que les salariés qui expriment leur foi à des tensions et des conflits. Derrière les faits religieux se cachent des réalités diverses et complexes. Des actes et des comportements similaires ont, d’une personne à l’autre, des motivations différentes et provoquent, d’une entreprise à l’autre des réactions variées. », explique Lionel Honoré, professeur des Universités et directeur de l’OFRE.